Aux arbres

Il est 7h40, je suis en train de préparer les filles, les coiffer pour l’école.
J’entends des bruits de travaux, chose quotidienne porte d’Aix.
Mon téléphone sonne. C’est mon voisin « ils viennent d’arriver avec 3 tronçonneuses ! A peine sortis du camion ils commencent à couper… ça y est 3 arbres à terre. »
Le temps d’accueillir un premier enfant, d’emmener les deux miennes à l’école, de récupérer le deuxième bébé.
8h45, j’arrive sur place, 5 arbres abattus, dont 2 complètement  déchiquetés, les autres en cours de découpe.
Des collègues sont dejà sur place, Denis mon voisin et Gérald qui est venu dès que je l’ai appelé.
Ils n’ont rien pu faire. Le camion à peine garé il était déjà trop tard !
Les «jardiniers» font le sale boulot. La sécurité vient nous ordonner de partir, que dalle, on reste, on attend du renfort pour les deux arbres qui restent.

10h00, les collègues partent à Euromerde. Là, un monsieur responsable de la sécurité à euro-méditerranée débarque et me demande vivement de partir, pas moyen.
Pendant ce temps-là, des personnes arrivent pour nettoyer les abords de la porte d’Aix ! Tiens, c’est nouveau ! On nettoie dans le quartier ?
Mr sécurité revient à la charge pour me virer, il ne veut pas que je l’entende parler avec ses collègues, pas de chance, je reste et entends tout.
L’entreprise privée qui est mandatée par la mairie pour le nettoyage demande s’il est possible de condamner aussi les pelouses de bord de routes, car si elles restent ouvertes, ils vont être obligés de les nettoyer !!! Ça les arrange pas !!
Il faut que les deux arbres qui restent soient coupés dans la journée.
Mr sécurité revient  et me dit « de toute façon ils sont pas beaux ces arbres ! » Alors là…. Alors là…
« vous êtes pas beau, on vous coupe pas les jambes à vous ! »
Ils arrivent à 4 et me foutent dehors.
D’autres personnes sont venues en renfort mais cela n’a rien changé.
12h, les derniers arbres de l’esplanade haute le long de Camille Pelletan ne sont plus.

La bétonisation avance avec son aseptisation et son exclusion des habitants.
Des places apparaissent.
Sans arbres, ils pourraient faire de l’ombre.
Sans banc, on pourrait voir des gens y poser leurs fesses.
Sans gens, ils pourraient se parler, s’entendre, s’écouter, se rendre compte qu’ils sont nombreux très nombreux, trop nombreux.