L’Appel du 8 juin

Le juin 8 juin 2017, Macha Makeïeff, directrice de La Criée, a ouvert les portes du Théâtre national de Marseille pour une soirée dédiée à SOS MEDITERRANEE1, association de sauvetage des migrants créée le 9 mai 2015. Un unique événement porté par les membres du comité de soutien composé de navigateurs, d’écrivains, de musiciens, de chercheurs, d’artistes, de journalistes. Cette soirée émaillée de lectures, de témoignages, projections et intermèdes musicaux a pour objectif de susciter la solidarité, l’engagement et le soutien de la société civile.

Salle sombre, sièges rouges en crescendo. A gauche, sur scène un vaste piano à queue, quatre sièges, à droite un container. Au centre, un écran suspendu sur fond noir où roule, au rythme d’un battement de cœur, une mer ample et creusée, inquiétante.

La vaste étendue d’eau s’efface, fait place à l’interview d’une de ces personnes qui travaillent à bord de l’Aquarius pour sauver les migrants anonymes dont « Personne ne mentionne jamais le nom ». La femme aux cheveux blancs qui parle ajoute en anglais, la langue parlée sur le bateau, que vivre et s’activer sur ce navire signifie «The closest I’ve ever been to human suffering.»2

Pour appuyer ses dires, images de sauvetage en mer : panique, hurlements, corps qui flottent, bébés terrifiés. D’abord on embarque les enfants. Quand on hisse les adultes, des pantalons glissent sous le poids de l’eau, dévoilent un corps nu, vulnérable, que floute l’image. La nuit, des projecteurs balaient les vagues instables et dangereuses.

La femme salue l’Amazing strength and résilience3 de ces êtres arrachés à la mer, épuisés, dépouillés de tout. Quelqu’un qui a connu les boat people se souvient combien  « leurs histoires sont terribles. C’est pourquoi « L’émigration ne s’arrête jamais ». Parce que « Les pays riches ne veulent rien faire. » L’engagement de ces bénévoles est d’être les « yeux de l’Europe qui est aveugle. »

Cette fois la caméra filme le pont. Un rescapé, la tête renversée vers le ciel, exulte : « J’ai cru arriver au Paradis ». Transporté de gratitude, il chante pour remercier « ces personnes fantastiques, dévouées aux autres, pas qu’à elles-mêmes », rejoint dans un élan quasi religieux par d’autres naufragés. On voit la vie qui respire derrière les visages, tourmentés, émaciés. D’autres n’ont plus la force de sourire ou de parler.

Greateful migrant IsabelleSerroSOS Méd

A nouveau la femme aux cheveux neige, qui fredonne une comptine familière, les larmes aux yeux, droit dans ceux de celui qui manie l’image, image qui disparaît dans un fondu au noir, après la dernière strophe : « The more we get together, the happier we’ll be ! » 4

Retour sur scène. Entrent un à un quatre intervenants, dont Daniel Pennac. Ensemble, ils énumèrent les termes utilisés dans les médias pour décrire ces vagues de populations qui fuient l’horreur : « foules, invasion, hordes, déferlement, multitude, vagues, cohortes, cortèges, nuées… ». Véhiculant des clichés de gens dépenaillés sur les routes, en file indienne, de camps (entassement, immondices). Les quatre hommes dénoncent « la Grande Terreur  infligée par les mots et les images ». Comptent pour le public : Combien sont-ils ? Quelques millions. Combien sommes-nous ? 508 millions d’Européens. » Interrogent : « Qui a peuplé la France du 20è siècle ? ». Personne ne souffle mot dans la salle. Des milliers de réfugiés !, clame un autre dont la voix secoue le silence. Un troisième égrène une interminable liste de peuples errants ralliant l’Europe depuis plus d’un siècle pour fuir guerres et persécutions : Juifs d’Europe centrale et d’Arménie, Russes blancs, main-d’œuvre polonaise et italienne, Allemands fuyant le nazisme, Espagnols, Portugais, Chiliens, Tchécoslovaques, sans oublier le Maghreb, l’Afrique occidentale… Tous ces hommes, venus de près ou d’ailleurs, ont apporté à la France un souffle neuf et des savoir-faire. « Tous ces gens », reprend le premier, « nous les avons accueillis en râlant, oui, mais nous les avons accueillis quand même. » Une chanson de Brassens conclut : « On poussait pas des cris d’Indiens, On avançait avec maintien.»

Sur l’Aquarius, ancien garde-côte allemand affrété par SOS Méditerranée, le personnel est entièrement bénévole. Les marins, médecins et militaires qui soutiennent ses actions de sauvetage veulent « être du côté des Justes dans ce monde bouleversé. » Les dons actuels ne suffisent pas à faire face aux situations nouvelles qui se présentent. Et à ce puissant « Appel d’air », pointé du doigt par les opposants à l’accueil des réfugiés : plus l’Europe sauve de gens, plus de familles en danger souhaitent regagner ces pays qui ouvrent leurs frontières pour leur faire de la place. Relayée de bouche en bouche, l’info atteint de plus en plus de pays sinistrés. On ne peut pour autant abandonner ces personnes « qui se noient à notre porte ». Se passer d’agir, rester spectateur et critique. Au contraire, c’est le moment d’éveiller et de constituer «Une assemblée de consciences et de cœurs, souligne l’un de ces acteurs.

D’où cette soirée d’exception par laquelle « Artistes et sauveteurs veulent réparer le monde », explique Macha Makeïeff qui prend leur suite. Il s’agit, dit-elle, de récolter des fonds suffisants pour agir sur tous les fronts sans restriction. Aquarius vu par migrants SOS Méd CC Marco PanzettiElle se souvient des 3700 russes blancs, venus de Constantinople à Marseille, parmi lesquels ses grands-parents. Cite le livre de son amie Barbara Cassin, auteur de La nostalgie,  rêvant d’«Un monde qui ne se referme pas, plein de semblables différents

La directrice du théâtre invite fondateurs et co-fondateurs de SOS Méditerranée à la rejoindre. Co-fondatrice et directrice générale, Sophie Beau raconte : « Au début, nous n’étions que 3, tout le monde nous prenait pour des fous. Puis, lors d’une réunion à Berlin, nous nous sommes retrouvés à 30. Ici, la salle de La Criée est comble ! » Klaus Vogel officier de marine marchande, co-fondateur, et Francis Vallat, président, ajoutent : « On atteint les 5 000 morts par an entre la Lybie et l’Italie. La Méditerranée est devenue la mer la plus dangereuse du monde. » Un silence. « On compte 14 000 sauvetages d’hommes et de femmes, dont un quart d’enfants non accompagnés, ce qui en dit long sur le désarroi des familles. »

L’Aquarius travaille sous les ordres des autorités italiennes, en lien avec le MRCC (Maritime Rescue Co-ordination Centres). « Nous avons peu de marche de manœuvre, mais l’Italie n’a pas attendu le soutien européen pour s’impliquer. » En octobre 2013, après les deux naufrages de plus de 400 morts près Lampedusa et de Malte, l’Italie met en place le Mare Nostrum. Déploiement naval militaro-humanitaire à grande échelle, il a pour mission le sauvetage des bateaux de réfugiés en perdition, et opère jusqu’aux côtes libyennes. Selon la marine militaire « 32 navires auraient participé à tour de rôle à cette opération avec le soutien de deux sous-marins, d’avions et d’hélicoptères.[…]5. En un an, entre octobre 2013 et octobre 2014, le Mare Nostrum sauve 150 000 personnes. Pourtant, peu après, Londres annonce que le Royaume-Uni ne soutiendra plus l’aide aux migrants en Méditerranée.

En 2014, pour lui succéder, l’union européenne lance Triton. Une opération, qui vise au contrôle des frontières et restera dans les eaux territoriales européennes. Elle viendra soutenir les efforts des autorités italiennes en mer Méditerranée. Mais elle laisse les bateaux en détresse sans solution en mer Méditerranée.

Des acteurs de la société civile européenne créent alors l’association SOS Méditerranée en mai 2015 pour mettre en œuvre une solution de secours pour les réfugiés perdus en mer à bord de L’Aquarius. SOS Méditerranée, association civile indépendante, non tributaire des pressions extérieures pour travailler, a été créée pour « remédier à la défaillance des états, au manque de courage politique. Nous considérons notre mission en mer comme une obligation légale, morale et humanitaire. Nous ne pouvons laisser ces gens qui fuient la guerre, la torture et la misère en quête d’une vie meilleure, trouver la mort en traversant la Méditerranée, la route de migration la plus mortelle du monde. » Cette association existe pour donner voix à ceux qui n’en ont pas. » SOS Méditerranée recevra différents prix du Parlement européen, de l’Unesco… Les institutions pour autant ne bougent pas.

Par la suite, l’Allemagne ouvre ses frontières en septembre 2015. Parallèlement, The Independent, publie la photo d’Ailan, ce petit syrien de 3 ans trouvé mort noyé sur la plage de Bodrum en Turquie, et en fait sa Une 6 . L’un et l’autre suscitent une émotion publique énorme et le soutien massif des citoyens. Le journal anglais interpelle : « Si ces images extraordinairement fortes d’un enfant syrien rejeté sur une plage ne modifient par l’attitude de l’Europe vis-à-vis des réfugiés, qu’est-ce qui le fera ? »

Sur la scène de la Criée, Marie Rajablat7 rejoint des bénévoles. Auteure du livre “Les naufragés de l’enfer”, elle évoque « des personnes éjectées du registre de l’humain. » Recousues de partout. « Il est si délicat de les approcher. Le premier geste d’approche est la couverture de survie, dans lequel on peut mettre beaucoup : douceur, attention, sollicitude. » Contente que son mauvais accent arabe les fasse rire, elle écoute les histoires de ceux qui « portent la lumière de ceux qui luttent pour vivre ». Quant à eux, bénévoles, ils deviennent « sauveteurs de masse dans une crise humanitaire mondiale sans précédent. » 

Bernard Foccroulle, musicien et directeur du Festival d’Aix-en-Provence, leur succède pour défendre ce souci de l’autre, quel qu’il soit. En intermède, roulés de gorge amples, profonds, de Kalliroi, jeune chanteuse qui s’accompagne au piano. Pas besoin de parler le grec pour comprendre ce que transmet sa voix.

La voix d’un bénévole reprend : « Pour éviter les accidents, le personnel doit être hyper solide et hautement compétent. Tout est dans l’anticipation : le cadre, l’équipement spécifique, les réactions adéquates. Ce sont des humanistes, mais avant tout des pros de la mer qui doivent pouvoir faire face à tout imprévu. Il y a une formation à bord. La cohésion d’équipe est cruciale pour permettre force de frappe et décision. Sur le bateau, on trouve plusieurs milieux de marins : des pêcheurs, des militaires, capables de s’adapter à n’importe quelle situation. » Un exemple : « le 23 mai, sauvetage de 1004 personnes (le plus important jamais fait) en un jour. 11 navires à secourir en même temps, 15h de sauvetage non-stop. » Des garde-côtes libyens montent à bord des embarcations et tirent en l’air, terrorisant les occupants. Ils en profitent pour monnayer le droit de sauter à l’eau. Cela complique la tâche : 70 personnes de plus à repêcher. Les ennuis ne s’arrêtent pas là : « Comme c’était le sommet du G7 à Taormine, le débarquement à Salerne n’a pu se faire pour raisons de sécurité. Il a fallu passer deux jours supplémentaires en mer avec plus de mille personnes à bord à rassurer, nourrir, habiller. Compliqué ! » 8 D’autant plus que l’Aquarius ne peut accueillir que 500 personnes.

Laure Adler, journaliste, et Alain Damasio, écrivain lisent les histoires de certains de ces déracinés : Zineb,  seule survivante sur 90 femmes, repoussée à l’eau par les hommes sur les chaloupes. Pour empêcher les autres de monter, ils les frappent. Elle ne sait pas nager et parvient à s’accrocher au gilet de sauvetage d’un homme.

Moussa raconte son ami Sylla qui lui disait toujours de ne jamais perdre espoir. Qui lui tenait la main parce qu’il avait peur : « Rappelle-toi, on est parti pour aider nos familles à vivre mieux ! ». Sylla qui avait avalé de l’eau de mer et du gasoil lui vomit et lui chie dessus, et en meurt. Moussa se réveille en sursaut la nuit. Les yeux fermés, il voit son ami. Les yeux ouverts, le jour, où qu’il regarde il voit son ami.

Et, Abi, Nigéria : « Son corps est là, tassé sur lui-même. Elle a traversé le Niger, subi des viols. On l’a vendue à un propriétaire de maisons closes. Elle reste enfermée des jours. Des hommes passent, encore des hommes, elle ne voit pas leur visage.» Abi dit aussi : « J’ai été frappée, battue, je ne savais pas si j’étais morte ou vivante. J’étais en enfer. »

Phiraz, Alep, Syrie : « C’est une nouvelle naissance puisque j’ai tout perdu. J’ai de la famille à  Londres. Je pourrais redevenir quelqu’un. Mais je suis comme ma maison, une ruine. »

Thomas, Guinée, 23 ans, étudiant en licence, est là, assis sur la scène et raconte. Sa famille à Conakry, où son père a été abattu par des militaires. Que le 7 janvier 2016, il se met en route pour le Mali. C’est l’état d’urgence, alors il poursuit vers le Niger. Rançonné, racketté, il n’a plus d’argent, il ne peut pas rejoindre ses amis en Algérie. Un passeur libyen lui dit : « Pas de souci. Tu travailleras pour moi gratuitement. » A Tripoli, il trime sur un chantier de construction et de rénovation de bâtiments, manœuvre et esclave comme six autres migrants : ciment, peinture de 8h à 18h, sans pause (sauf à 13h au moment de la prière). Il est chrétien, pour protéger sa vie il fait la prière musulmane avec les autres. Ils sont une centaine enfermés dans une sorte de fosse. Pendant trois mois, il vit de pain et d’œufs. La femme du passeur les achète moyennant finances. Là-bas les enfants de 12 ans ont des armes. Ils les surveillent fusil pointé. Les adultes les encouragent à tirer sur les migrants pour s’entraîner. Un des amis de Thomas est tué sous ses yeux par un gosse.

Il arrive toujours plus de migrants. Une fois usé, le passeur se débarrasse de son ancien « personnel » auprès d’un autre passeur qui les envoie tous mourir hors du territoire libyen, dans la mer. Les migrants sont affamés à dessein : maigres, ils permettront d’embarquer plus de personnes. Ensuite, se rappelle Thomas, des types armés « des dents jusqu’aux pieds » leur ordonnent de construire eux-mêmes le bateau. C’est ça ou moisir en prison. Ils désignent un type au hasard qui sera capitaine. Bien que le plancher du bateau s’effondre, il est mis à l’eau tel quel. Chance inouïe, l’homme à la barre, un sénégalais, un pêcheur qui connaît bien son boulot dit aux passagers de se mettre à l’arrière et de nouer leurs chemises pour écoper l’eau. Ils font ça pendant 12 heures, lui dirige l’embarcation selon la position des vagues en lui évitant de couler. Chacun compte les jours qui restent avant de mourir. Ils sont en train de sombrer quand un hélicoptère apparaît dans le ciel. Ils sont sauvés par SOS Méditerranée.

Sans se rendre compte de l’humour de la situation, Thomas se détache de son siège et dit : « Puisque ces personnes ont risqué leur vie pour nous sauver, je pouvais bien risquer la mienne en venant de Bordeaux à Marseille. »

Suivent quelques intermèdes : Tarek Abdallah à l’oud, d’autres invités : Titouan Lamazou, peintre et navigateur, Imhotep du groupe Iam. Venus là pour que, outre les 2000 donateurs, se tissent entre les gens des fils invisibles, et que soit rendu visible ce qui ne l’est pas « car les gouvernements nous laissent seuls face au devoir d’assistance (à personne en danger) ». Parce que l’association est un dispositif fragile. Si le flux financier s’arrête, les sauvetages s’interrompent. SOS Méditerranée est un lanceur d’alerte, un mouvement citoyen avant tout. Les états sollicités répondent : « Nos citoyens ne comprendraient pas si nous ouvrions les frontières… » comme si nous citoyens étions incapables de réflexion, de sens critique et d’humanité. « Nous faisons le maximum pour relayer la parole des rescapés vers l’opinion publique, les établissements scolaires, développer l’opinion de celles et ceux qui prendront les rênes demain. »

En milieu scolaire, les deux questions les plus fréquentes que posent les élèves sont : « Pourquoi ces personnes prennent-elles le risque de se noyer ? » et « Pourquoi les laissons-nous  dans cette situation ? »  Quand les enfants comprennent, ils s’indignent de l’inertie des adultes. Des collégiens se sont émus au point de faire eux-mêmes la collecte de dons dans leur classe. Car un petit geste vaut mieux que l’indifférence. Ce 8 juin, les gens ont mis talent, notoriété et leur temps au service d’une cause humanitaire sans précédent.

Pendant ce temps, sur l’écran, passent en boucle de beaux portraits de femmes qui avaient fui Tombouctou il y a des années. Titouan Lamazou les a retrouvées, puis dessinées.

Quelqu’un parmi les invités ajoute : « Si on ouvre les frontières, pas de passeurs. La première règle est de venir au secours de qui est en danger. »

Thierry Fabre, essayiste, chercheur et fondateur des rencontres d’Averroès, en appelle à son tour à une insurrection des consciences : « Les gouvernements n’ont pas bougé, mais si 30 personnes ont pu parvenir à un tel résultat, nous pouvons reprendre la main et bannir la mort de la Méditerranée.  C’est, à ce jour le plus grand cimetière marin au monde… A partir de là, quelque chose va naître. »

Macha Makeïeff aimerait multiplier ce genre de soirées pour sensibiliser davantage de monde, allumer la mèche auprès de tous les publics et donner la recette des représentations parce que les moyens manquent. Comme indiqué dans le prospectus du spectacle : « Chaque jour en mer coûte 11.000 euros : le financement de la location du navire, de l’équipage, du fuel et de l’ensemble des équipements nécessaires pour prendre soin des rescapés. SOS MEDITERRANEE est essentiellement financé par les dons. Nous lançons un appel à soutien et à mobilisation auprès de tous les acteurs de la société civile : particuliers, ONG, fondations, mécènes, entreprises et pouvoirs publics, afin de lui donner les moyens de poursuivre sa mission de sauvetage sur cette immense zone de détresse auprès de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. » 9

A nous de refuser l’inacceptable. « Soyez tous généreux ! » encourage-t-elle, « relayez cet appel dans vos familles, auprès de ses amis, vos collègues  et vos proches.» 

La soirée s’achève sur une chanson de Moustaki, En Méditerranée 10. Les acteurs de ce moment d’exception sont appelés à se rejoindre sur scène : bénévoles, musiciens, ouvreurs, organisateurs, personnel son et lumière, etc. La foule ne cesse d’y grossir, les applaudissements aussi. Dans la salle les gens se lèvent comme une énorme vague, émus. L’atmosphère semble s’être chargée d’une mystérieuse énergie. Enfin les gradins se vident comme un grand fleuve, vers les sorties.

Dans ce bassin où jouent 
Des enfants aux yeux noirs,
Il y a trois continents 
Et des siècles d’histoire,

Il y a l’odeur du sang
Qui flotte sur ses rives
Et des pays meurtris
Comme autant de plaies vives, 

Des îles barbelées,
Des murs qui emprisonnent. 

Il y a un bel été 
Qui ne craint pas l’automne, 
En Méditerranée. 
Il y a des oliviers 
Qui meurent sous les bombes

Mes compagnons de jeux
Sont devenus des hommes,
Les frères de ceux-là
Que le monde abandonne,
En Méditerranée.
Le ciel est endeuillé,
Par-dessus l’Acropole 

Tzëelia CdR 3.7.2017
Copyright texte Tzëelia CdRonde et photos Marco Panzetti et Isabelle Serro

1 http://www.sosmediterranee.fr/
2 Le plus près que je me sois jamais trouvée de la souffrance humaine.
3 Leurs force et capacité de résilience impressionnantes
4
Plus nous serons ensemble, plus nous serons heureux
5
http://www.france24.com/fr/20141028–uk-royaume-uni–sauvetage-migrants-mediterranee-immigration-clandestine-mare-nostrum-italie-europe/
 6 http://www.bfmtv.com/international/migrations-l-europe-sous-le-choc-apres-la-photo-d-un-enfant-mort-noye-911785.html
7  infirmière psychiatrique dans un centre médico-psychologique et co-responsable du Centre de recherche et d’animation en soins infirmier (CRASI) du centre hospitalier Gérard Marchant de Toulouse.
www.lejournaltoulousain.fr/societe/en-vue-marie-rajablat-la-plume-des-migrants-50811
8  https://search.lilo.org/results.php?q=salerne#tab=maps&gsc.q=taormine%20%3F
9 extrait du communiqué de presse du 19 mai 2017 imprimé sur prospectus spectacle.
10 www.paroles.net/georges-moustaki/paroles-en-mediterranee