Ô Table !

Sur la place Jean Jaurès à Marseille, appelée communément La Plaine, il y a un square. Un projet de rénovation est en cours, très contesté par la population. Ladite population, depuis quelques mois, occupe le terrain avec des plantes et du mobilier urbain à fabriquer soi-même. Vu l’absence ou l’inadéquation de l’équipement municipal.

Ont été construites, puis détruites par la Mairie, puis reconstruites, des tables en bois fort pratiques.

Lors d’un atelier d’écriture mené par Qui Vive sur ces tables, le 31 mars, j’ai composé cette ode. La consigne consistait à déclarer sa flamme à un objet autour de soi.

Déclarer sa flamme à un objet, c’est ballot.
Et pourtant, table, ô table !
Tu allonges tes planches
sous le frais air du soir,
luxurieusement.

De quel pin, de quel érable ?
Nul ne s’en est enquis,
au moment de poser
ce solide assemblage :
un pouce d’épaisseur,
vingt pieds de long.

Une robuste joie de vivre,
voilà ce que m’évoque
ton profil efficace.
Et les grossièretés
ou envolées lyriques
gravées dans tes fibres
ajoutent à tes fermes assises
un charme intemporel.

Les enfants, les moineaux, les ivrognes
sur toi viennent librement s’appuyer.
Nul besoin de beauté,
quand on a tant d’amoureux !

Garaelle

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