Parrainage républicain de migrants. Mairie de Grenoble. Janvier 2018

Ce vendredi 26 janvier en fin d’après-midi, la mairie de Grenoble bruisse de conversations, de rires, de retrouvailles… atmosphère citoyenne, conviviale, digne et joyeuse.
Historiquement, la notion de baptême républicain remonte au décret du 20 prairial, an II (8 juin 1794) qui a décidé que les municipalités seraient les seules institutions habilitées à établir les actes de l’état civil.
Néanmoins, le baptême républicain n’est prévu par aucun texte législatif. Les maires ne sont donc pas tenus de le célébrer et il n’y a pas de cérémonial préétabli.
Par ailleurs, ne s’agissant pas d’un acte d’état civil, le maire n’est pas autorisé à l’inscrire sur les registres de l’état civil.
L’Association de Parrainage Républicain de Demandeurs d’Asile et de Protection de Grenoble (APARDAP) va fêter ses dix ans cette année. Au cours de ces années, une trentaine de communes de l’agglomération ont accueilli cette cérémonie et ce sont 1500 migrants qui ont été parrainés. Les modalités varient : un parrain ou marraine/un accueilli, deux parrains et/ou marraines/un accueilli, deux parrains ou marraines/ une famille accueillie…
C’est la première cérémonie de cette nouvelle année , elle est accueillie par la ville de Grenoble. Les élus sont nombreux, ils arrivent en enfilant leur écharpe tricolore, sourient, saluent leurs collègues, les uns, les autres.
Quand Patricia L’Ecolier coprésidente de l’APARDAP prend la parole, un silence attentif s’installe, discours précis, combattant, fort ; suit le discours de Ibrahima Coulibaly, originaire du Sénégal,  président de Bouquins sans frontières, nourri de l’esprit des droits de l’homme ; une oreille attentive découvre que cet homme actif, engagé dés son arrivée dans différentes actions, en France depuis 8 ans, est soumis à une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français)…. Que dire devant cette absurdité.
Eric Piolle, maire de Grenoble ouvre son discours en condamnant cette mesure administrative ; il exprime sa fierté, au nom de cette ville où les citoyens depuis la journée des tuiles de 1788, n’hésitent pas à exprimer leurs convictions, fierté d’accueillir ces citoyens qui veulent proclamer leur désir d’être solidaire avec l’autre qui en a besoin.
Le premier parrainage se fait sous le feu des caméras et appareils photos : un guinéen inscrit en master de sociologie à l’université de Grenoble (on le sait l’UGA-Université Grenoble Alpes- est active dans l’accueil de migrants) est parrainé par une directrice de bibliothèques retraitée et un enseignant à Sciences-po Grenoble ; chacun à leur tour, ils disent solennellement oui à leur engagement, consentements recueillis par Bernard Macret, adjoint aux solidarités.

Puis les élus se répartissent derrière la dizaine de tables installées pour recueillir les consentements des cinquante parrainés de ce jour  et de leurs parrains et marraines. Brouhaha joyeux et solennel –oui bonne humeur et respect de  la république vont très bien ensemble- chacun, parents, enfants, sont attentifs au moment de la signature des cartes de parrainage.
Filleuls et parrain-marraine ont chacun un certificat associatif de parrainage républicain, au format carte, avec photo des uns et des autres,  leurs coordonnées téléphoniques ainsi que celles d’un avocat. La carte est également signée par l’élu qui a procédé à la cérémonie.
(Témoignage d’un parrain de longue date : lors d’un contrôle dans l’espace public de mon filleul, j’ai été contacté par téléphone par la police qui m’a demandé si je le connaissais, j’ai contacté l’avocat et je suis venu moi-même sur place. La carte montre que la personne est soutenue par un réseau).
Dans le hall, le rituel d’effacement du mandala réalisé ces derniers jours avec des sables de couleur et représentant un bateau de migrants est accompli avant que le pot de l’amitié soit servi.
Les visages, tout à l’heure sérieux, sont gais, il est bien difficile de s’entendre, presque autant que d’attraper un toast ou un verre, peu importe, on est ensemble pour partager notre engagement à respecter les valeurs des la République Française Liberté-Égalité-Fraternité et le principe de la laïcité, comme le mentionne la carte remise à chacune des  personnes devenue ce jour parrain/marraine ou filleul/le.

Le film « Lignes de partage » réalisé par Thierry Mennessier (https://vimeo.com/234822722) à partir de témoignages de migrants a été projeté avant la cérémonie et tourne dans l’Isère et au-delà (renseignements sur www.apardap.org et aussi Apardap Asso sur Facebook)
Discours pour le parrainage de Patricia L’écolier et de Ibrahima Coulibaly : http://www.apardap.org/actualites-2/ rubrique : 26/01/2018 – Cérémonie de parrainage à la mairie de Grenoble
La vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x6dudhu