Paris, ce jour-là

A cette heure ils vont au boulot, avec cette sorte de plaisir sous le régime de l’obligation.
Il a adopté une allure décontractée, presque nonchalante, pas tout à fait ; jean noir, manteau court chiné, plutôt clair, là est l’originalité, longue écharpe en coton à fins carreaux bleus tire bouchonnée autour du cou ; il est assez grand, pas mince, il marche la main droite dans la poche du pantalon, pas enfoncée, entrée là par négligence apparente, une sacoche se balance au bout de son bras gauche ; à celui qui lui rend son briquet, il adresse un sourire qui dénote bonnes manières un brin narquoises, reprend son allure en le rangeant dans sa poche.
Je ralentis pour rester derrière lui, pas assez proche pour sentir son after-shave. Au bord du trottoir, nous attendons côte à côte, presque, que le petit bonhomme vert nous autorise à traverser…
Il oblique à gauche, moi aussi, les escaliers du métro Oberkampf sont devant nous ; je descends les escaliers derrière lui, je sors un ticket pour passer le portillon, je suis distanciée ; premier palier, quatre choix possibles, je descends vers le quai de la ligne 5 direction porte d’Italie, nous sommes une poignée de voyageurs, il n’est pas non plus sur le quai en face, il a du emprunter la ligne 9.
Fin de la filature romanesque de quelques minutes. Me rappelle-t-il quelqu’un ? Oui sans doute ce désir de flegme charmeur face à la vie.
MCK