Août 2022. La France crame et se dessèche à vue d’œil. Dans les médias, le Covid est passé des Unes aux brèves, et encore, les brévounes du fond. Plus personne ne pratique les « gestes barrières », donc plus personne ne tance autrui du regard pour défaut de masque ou omission de gel hydroalcoolique.
Ce matin, je m’y aventure. Ce que je fais rarement. Mais bon là, je pars une semaine randonner à la montagne alors je m’en vais, auparavant, y acquérir d’excellentes navettes, biscuit sec idéal pour les efforts physiques en altitude.
Je ne vous dirai pas le nom de l’endroit cossu où on se les procure, vous allez comprendre pourquoi.
Réponse : « Ah mais oui, vous n’imaginez pas ce que les gens exigent ! Certains me demandent de mettre une nouvelle paire pour chaque variété de biscuits. La dernière fois, une cliente a voulu que je passe du gel à l’intérieur des gants, là j’ai dit non quand même. Et une autre a refusé que je la serve avant d’être allée me laver les mains, parce qu’elle m’a vue me toucher les cheveux. »
Elle m’évalue du regard pour vérifier que c’est bien le cas, un œil tout de même sur la porte au cas où quelqu’un d’autre entrerait.
Elle : Carrément, c’est ça. Traumatisés. Obsédés. Mais ce qui me tue, c’est que ce n’est même pas cohérent. Ils arrivent avec le masque sous le nez, ça ne sert vraiment à rien… Cet hygiénisme, ça ne marchera jamais. Moi, j’ai grandi à la campagne, je mangeais des fraises des bois même pas rincées, et ça allait très bien. Eux ils voudraient tout aseptiser, mais les résultats sont bien pire avec leurs produits…
Je lui demande où c’était, sa campagne, et pareil, je ne vous donne pas sa réponse pour éviter que ses patrons ne puissent la reconnaître si jamais ils lisent ces lignes, et lui reprocher d’avoir ainsi parlé.
De toute façon l’histoire est finie, un client est survenu et elle a repris son accent parisien pour le saluer. Mais on s’est dit au revoir chaleureusement.