Je me souviens de la naissance du mouvement des Gilets jaunes, il y a deux ans. A Marseille, tout se mêlait, les manifestations se multipliaient : effondrements à Noailles, mur de la honte à La Plaine… Nous observions ces nouveaux venus avec circonspection, d’autant que se mêlaient aux premiers cortèges quelques têtes très vilaines, comme celle du FN Stéphane Ravier. Certains criaient « la police, avec nous », mais ya pas moyen, djadja !
Ensuite, au fil des samedis chauds bouillants, les fachos ont été virés, l’ambiance est devenue beaucoup plus sympathique et c’est avec grande joie que nous chantions à plein poumons « Emmanuel Macron, on vient te chercher chez toi ! », galvanisés par les images d’émeutes à Paris, où les Gilets jaunes se rapprochaient des lieux de pouvoir. Je me rappelle des sapins de Noël en feu, des barricades sur la Canebière… et aussi des blindés qui la remontaient, façon Occupation.
Ensuite, nous avons vu avec horreur s’accumuler les mutilations, les arrestations, sur les réseaux sociaux. Samedi après samedi, les GJ étaient moins nombreux à se donner rendez-vous sous l’Ombrière du Vieux-Port, et pourtant, leurs parcours restaient plus vifs que les mollesses syndicales. Cet homme, je l’ai observé très souvent. Sa ténacité m’impressionne. Hier, il était présent à la manifestation contre le projet de loi Sécurité globale, qui menace un nombre exorbitant de nos libertés, avec ses pancartes rappelant ce qu’ont coûté ces deux ans d’élan à ses camarades. Je ne lui ai jamais parlé, mais le voir me rassérène, dans cette période trouble où tout semble nous échapper. Peut-être parce qu’il est vieux. Il me donne envie d’avoir de la lucidité, de la mémoire et de l’espoir.
Garaelle, 18 novembre 2020
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