J-1 avant le premier tour des élections présidentielles. Le meeting de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France Insoumise, semble déjà loin. Entre temps, des dizaines de sondages, de nouveaux débats, des sorties médiatiques, d’autres meetings aussi, de la part des onze candidats à l’élection présidentielle. Ce dimanche 9 avril, le soleil inondait un Vieux-Port noir de monde. Des milliers de personnes réunies pour le grand oral. Soixante dix mille d’après les organisateurs. Dans le lot, des militants, de la veille ou de toujours, des admirateurs voire fanatiques et, surtout peut-être, des indécis, avec un grand I. Tentons un instant de nous mettre dans leur peau.
Imaginez. Vous votez pour la deuxième peut-être troisième fois. A moins que ça ne soit la dixième. Vous n’avez jamais été grand fervent des meetings politiques, les apparentant à de la propagande pure et simple. Vous arrivez en retard, restez loin. Au départ du moins. De Mélenchon, vous connaissez mieux les punchlines que les idées, mieux les expressions que le programme détaillé, en somme, mieux le personnage public que les convictions de l’homme.
Face à la mer
Il n’y a pas à dire, l’image est belle. Un Mélenchon frais avec la mer en fond, le clapotis de l’eau et le bruit des mouettes se mêlant à la clameur des spectateurs. Car oui c’est un spectacle que beaucoup semblent être venus voir. Une introduction en hommage à la Grèce, un enthousiasme affiché de retrouver Marseille, les Marseillais. On accroche. La minute de silence, osée, en hommage aux nombreux migrants morts en Méditerranée cette année et les précédentes, en fuite d’un mal, en quête d’un mieux. « Ecoutez le silence de la mort ! » nous souffle le candidat. La transition sur les traités internationaux et la nécessité selon le parti de la France Insoumise d’en sortir : « On ne doit plus accepter les traités illégaux ». Aussi, un Jean-Luc Mélenchon se positionnant comme le candidat de la paix. La paix comme leitmotiv, le rameau d’olivier comme symbole. Le phi aussi. Pour le FI de France Insoumise mais aussi celui qui débute le mot philosophie. Mélenchon est audacieux. Il navigue d’un thème à l’autre, vogue à l’image du bateau portant une banderole à son nom en arrière-plan. Une pique pour les décisions et interventions des Etats-Unis, une autre pour sa concurrente du Front National : « Ne vous trompez pas de bulletin de vote ! On ne prépare pas la paix en préparant la guerre ! ».
« Vous portez un programme ! »
Mélenchon redonne espoir : « La victoire est à la portée de nos efforts ». Aux acclamations, il répond : « Ne faites pas de mon nom un slogan ! ». Et tente de responsabiliser : « Vous portez un programme ! ». On entrevoit quelques mesures, disséminées au fil du propos : l’augmentation du SMIC et des minimas sociaux : « Il faut que s’achève la guerre contre les pauvres, que soit mis un terme à la caste dorée ! ». Un discours dont on n’oublierait presque qu’il n’est pas exhaustif tant Mélenchon est bon orateur. C’est peut-être là que le bât blesse. Le plus indécis des électeurs en oublierait presque d’aller consulter le programme. Comme en 2012 et son ode au métissage, Jean-Luc Mélenchon a englobé Marseille dans son discours. Il semble l’avoir comprise. Pourtant, le chef de file des insoumis demeure soumis aux indécis.
Texte et photos : Charlotte Lazarewicz
Pour revoir le discours https://www.youtube.com/watch?v=yrjWwsV4zS4
Un outil parmi d’autres pour comparer le programme des candidats http://www.lemonde.fr/programmes/