Pendant trois jours et quatre nuits, 65 jeunes migrants, mineurs isolés, ont occupé l’église Saint-Ferréol sur le Vieux-Port de Marseille. Plusieurs centaines de personnes les ont accompagnés lors de cette occupation. Des collectifs, Migrants 13, RESF, Emmaüs, Médecins du Monde, et des citoyens, étaient présents dans l’église, qui pendant ces quelques jours est devenue un foyer de résistance et d’espoir.
L’objectif de cette occupation était de contraindre le Département des Bouches-du-Rhône à respecter la loi et remplir la mission qui est la sienne : prendre en charge les mineurs étrangers isolés. Autour de l’église, la présence policière était massive, et la menace d’une intervention était constante.
Les autorités religieuses, prises de court, ont d’abord accepté l’occupation le premier soir, mardi 21 novembre. Le lendemain aussi. Puis le jeudi 23, double revirement de situation. Le prêtre souhaite que les jeunes quittent les lieux avant 15h. Ils préviennent qu’ils comptent rester. Le déploiement de forces de l’ordre se met en route.
Sur la Canebière, une quinzaine de fourgons de CRS prennent position, attendant le signal de la Préfecture. Mais l’église est pleine de gens déterminés à rester tant que des solutions pérennes n’auront pas été proposées à ces jeunes. Le prêtre revient sur sa décision et accepte que l’occupation se poursuive.
En fin d’après-midi, le Département, par l’intermédiaire de l’ADDAP 13, vient faire une proposition aux jeunes : hébergement 24h/24 dans un bâtiment en centre-ville et accompagnement social. Auparavant, seul un hébergement de 19h à 8h, sans accompagnement, leur avait été proposé, ils avaient refusé. Ils discutent longuement entre eux et acceptent la proposition. Ils passeront une dernière nuit dans l’église et se rendront le vendredi matin dans les locaux mis à disposition.
Avec détermination et persévérance, ils ont obtenu gain de cause, ont fait plier le pouvoir et l’ont obligé à appliquer la loi. C’est une victoire, mais ce n’est qu’un début. Eux sont désormais à l’abri, du moins provisoirement. Après examen, si certains sont considérés comme majeurs, ils se retrouveront de nouveau à la rue. Comme tant d’autres. Mineurs ou pas, étrangers ou pas, être à la rue, c’est pas une vie.
Jan-Cyril Salemi
Novembre 2017
Dessin : Malika Moine