« Je me suis demandé pourquoi je n’agissais pas »

Kate, lycéenne en classe de terminale au lycée Saint-Charles à Marseille, est engagée dans l’association L214 qui soutient la cause animale. Interview.

Paloma et Kate © G.C.

Pouvez-vous nous présenter l’association dans laquelle vous êtes et quelles actions elle mène ?

L’association L214 est une association qui lutte contre la souffrance animale et l’élevage intensif. Ce sont les bénévoles de l’association L214 qui rentrent dans les abattoirs et qui prennent des photos afin de sensibiliser les personnes par rapport aux souffrances que l’on inflige aux animaux pour pouvoir manger de la viande, des œufs, du lait…

Depuis quand faites-vous partie de cette association et quelles ont été vos motivations ?

J’ai rejoins cette association en juin 2024. Elle m’a permis de devenir végétarienne et je suis maintenant vegan. C’est une association qui me parle beaucoup, que j’adore. Je me suis demandé pourquoi je ne la rejoignais pas, pourquoi je n’agissais pas. J’ai donc envoyé des mails et me suis renseignée, on m’a répondu et j’ai fait une visioconférence. Cela m’a instantanément plu et j’ai commencé à participer à des actions en août. Je me sentais bien car j’étais entourée de personnes qui me correspondent et qui partagent mes valeurs, des personnes antispécistes (qui refusent de placer l’espèce humaine au-dessus des autres, qui ne font pas de distinction entre les deux), qui aiment les animaux…

Par quels moyens menez-vous vos actions ? Y allez-vous en groupe ou plutôt seuls ? Cherchez-vous à attirer l’attention ou au contraire à être plutôt discrets ?

Nous sommes toujours en groupe, mais il y a plusieurs types d’actions. La première à laquelle j’ai participé était une dégustation, où nous avons cuisiné de la nourriture vegan et nous l’avons fait goûter à des personnes pour leur montrer que c’est très bon. On organise également des campagnes de sensibilisation, on va tracter dans la rue, on fait des mises en scène… L’action que nous sommes en train de mener s’appelle “Tournons le dos à l’élevage intensif”. Nous visons trois grandes industries de la viande : “Marie”, “Le Gaulois” et “Le Coq français” qui ne respectent pas la European chicken charte. On décide donc d’aller à plusieurs dans les supermarchés et de retourner les barquettes de viande pour montrer que nous ne sommes pas d’accord avec ces pratiques. On glisse toujours un papier avec un QRcode sur dessus pour expliquer pourquoi celles-ci sont retournées. Nous avons fait cette action il y a deux mois et c’est la deuxième fois que nous le faisons à Marseille. Il y a également une application “Tournons le dos à l’élevage intensif”, qui permet de compter le nombre de barquettes retournées ; nous sommes déjà au nombre de 120 000 en France.

Vous cherchez donc à sensibiliser les gens ?

Oui, on essaie de les sensibiliser et de faire en sorte qu’ils achètent moins de viande de ces marques. On essaie également d’attirer le regard de la presse. A côté de cela, on organise des campagnes de sensibilisation où l’on se met à côté des Carrefours et des Intermarchés, et on installe des banderoles et des pancartes.

Est-ce que vous trouvez que les gens sont plutôt bien informés ou est-ce que c’est vous qui les informez ?

En général non, il y a des personnes qui décident de ne pas réagir et de continuer à manger de la viande et d’autres ne sont pas du tout au courant des conditions dans lesquelles les animaux sont traités dans les élevages intensifs. Ce sont tout particulièrement ces personnes que l’on vise, et qui peuvent potentiellement arrêter de manger de la viande.

Est-ce qu’il y a un moyen d’évaluer l’impact de vos campagnes et en voyez-vous les effets ?

Certes, il y a des personnes que l’on dérange, mais il y en a aussi qui réfléchissent et qui nous remercient, qui veulent réduire leur consommation de viande même si cela peut être compliqué pour eux… Certains grâce à L214 ont réussi à devenir végétariens ou vegan, ce sont donc beaucoup de réactions positives.

Est-ce que l’association s’est renseignée sur les risques juridiques qu’elle pouvait encourir en menant ces actions ?

L’association L214 n’est pas une association violente, nous faisons donc des choses légales comme retourner des barquettes ou bien aller manifester. On a eu quelques problèmes avec la sécurité mais du moment que l’on mène ces actions devant les magasins et pas à l’intérieur, il n’y a pas de problèmes. On fait des actions très pacifiques.

Vous faites partie de l’association L214 mais êtes-vous engagée dans d’autres associations ?

Je voudrais dire tout d’abord que l’association L214 est celle qui me parle le plus, mais je suis aussi engagée chez Greenpeace où je participe à moins d’actions. Je suis aussi membre d’une association, une librairie à Marseille qui s’appelle “Transit”, sur le boulevard de la Libération. Nous sommes des bénévoles qui nous relayons afin de vendre des livres et organiser des rencontres avec des auteurs engagés. C’est une librairie qui aborde des thématiques comme le colonialisme, la Palestine, l’environnement, le féminisme, l’homophobie…

Propos recueillis par Paloma Descamps-Sicre, le 18 février 2025



Cet entretien a été réalisé par une élève du lycée Saint-Charles à Marseille. Il s’inscrit dans le cadre d’un atelier journalisme animé par des membres de l’équipe de Qui Vive (Gaëlle Cloarec et Jan-Cyril Salemi) pendant l’année scolaire 2024-2025.