Donc, je me baladais, dans les transports masqué,
Et dans la rue tout nu, des lèvres jusqu’au nez,
Lorsque je constatis – j’en perdu ma grammaire ! –
Comme le « confinement » nous mit bien la misère.
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Mais rectifions d’abord notre vocabulaire,
Et parlons, je vous prie, plutôt, d’enfermement,
Avec les flics au cul, et du coup, soyons clair :
Ce fut, tout à coup, deux mois à l’isolement.
Des dessins fort stupides, nous montrant avachis,
Disaient : Tu peux le faire, ça, pour sauver des vies ?
En achetant ton pain, t’étais tueur en série,
Et si tu promenais, t’étais la pandémie !
Et puis nous avions peur, pour nous ou pour papa,
Pour les gosses, le boulot, l’avenir, et nos droits.
L’horreur comme seul sujet, par les »mass media »,
Peaufinait le tableau pour que nous marchions droit.
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Bref, maintenant un chouia de psychologie
Pour comprendre le stress, l’anxiété, l’insomnie,
Qui grignotent sans doute nombre de vos amis,
Et peut-être vous-même, insidieux et tapis…
Soudain, tout nous échappe, on est syriannisés.
C’est la guerre ! Aux abris ! Nul n’est protégé.
On n’en sort pas indemne ; au moindre bruit de toux,
C’est la sirène qui crie : cache-toi dans un trou !
Les symptômes, c’est au choix. Nous avons au menu :
Moins de confiance en soi ; peur d’être dans la rue ;
Conscience exacerbée des tracas de santé,
Où les fréquentes bronchites deviennent un couperet ;
Sécurité en lieu et place des envies,
Sur son lit de menaces au coulis d’ennemis ;
Enfin, pour le gourmet, la dépression farcie
D’un hachis d’idioties sur le vide de sa vie.
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Cause avec ton voisin, va soûler les copains,
A la rigueur engraisse le psychologue du coin.
Nulle honte, c’est normal que d’être mal en point,
Et moi, bon, ben, je t’aime, alors, bon, ben, ça craint !
(Jeune fille en couverture : Mélodine Agaïna MARQUEZ)