Samedi 23 mars, 14h30, Porte d’Aix, Marseille.
A l’appel du Front Uni des Immigrations et des Quartiers populaires (FUIQP), contre l’islamophobie, suite à l’attentat contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande, du monde commence à arriver, la sono est en route, le rassemblement peut commencer.
Arrive 16h, toujours porte d’Aix, du monde continue d’affluer. La manifestation contre le bastion social, contre le fascisme, à l’appel de plus de 40 organisations va partir.
Dans un premier temps la police empêche le cortège de démarrer, ça y est, c’est bon, nous pouvons nous élancer. Combien sommes-nous, je ne sais pas, je m’en fous, ce que je sais, c’est que les chants, les claquements de mains sont forts, déterminés, emplissent joyeusement mes oreilles.
Je me retourne, je vois des poings levés, des bras levés, des mains qui claquent avec ferveur, vision de joie, de détermination d’être là, toutes et tous, ensemble, maintenant.
« Siamo tutti antifascisti », « Marseille Marseille antifa », « Massilia antifascista », « Derrière les fachos se cache le capital », « Anti nationaliste », « No Borders No nations stop déportation », et un « Nous sommes tous des enfants de Marseille » plus particulier que tous ceux jamais chantés (pour moi en tout cas) car précédé de l’explication nous refusons les frontières et le nationalisme mais par contre nous sommes tous des Enfants de Marseille. Alors peu importe combien on est, on est là, toutes et tous, ensemble, maintenant.
Nous continuons, réuni.e.s, joyeuxses, mais toujours déterminé.e.s. Viennent s’ajouter, les traditionnels « tout le monde déteste la police », à la vision d’effectifs hallucinants de ces personnes vêtues de bleu ou non mais toujours casqués et armés.
« Mais que fait la police ? Ça crève les yeux ! »
Mais nous continuons, nous continuons, nous avançons, nous chantons, nous avançons toujours. Nous voilà arrivés sur la Canebière.
À peine le temps de faire quelques mètres que les flics se jettent sur nous !
Les coups de matraque pleuvent !
La lacrymo remplace l’air !
Un mouvement de foule disperse les gens ça et là !
Ça court direction Noailles !
Il pleut toujours des coups de matraque !
Les blessé.e.s sont nombreuxses !
La dispersion est faite.
Nous voyons des arrestations ! Compressons des blessures ! Ramassons des morceaux d’appareils photo.
Une partie du cortège lui, est resté sur la Canebière, et peut finalement repartir au bout de je ne sais combien de minutes. Je ne sais pas si les minutes ont été longues, ou si tout s’est passé en un éclair, les deux à la fois sans doute.
Le cortège fini sa manif jusqu’au Vieux-Port, prises de paroles, du monde reste encore un peu à discuter, une autre sono est là, le son d’une impro de rap parvient jusqu’à nos oreilles, et là, voilà que ça recommence !
Charge !
Coups de matraques !
Lacrymo !
Un papi au sol !!!!!! Il saigne !!!!!!!
Il est conscient ?!
Et une interpellation !
A 4 sur lui !
Leurs 4 genoux l’écrasant au sol !
Des cris !
« Honte sur vous ! »
« Vous en avez déjà tués comme ça ! »
Ils nous sautent dessus à coup de boucliers dans la tête tout en nous demandant ne pas venir au contact, matraques levées !
Ça crie !
Ça pleure de lacrymo !
Ça cherche des explications !
On ne peut pas avancer pour s’occuper du vieil homme au sol !
Nous ne pouvons pas avancer, ils ont appelé les pompiers !
Nouvelle dispersion sous tant de violence, beaucoup de personnes et je le comprends rentrent se mettre à l’abri.
Le vieil homme est finalement évacué par les pompiers, et l’interpellé, emmené par les hommes casqués.
La sono se remet en route.
Les mots choisis et prononcés pendant ces impros et textes rappés résonnent comme enfin un peu de clairvoyance et de lucidité, d’une beauté incroyable, une lumière jaillit des mots, comme des personnes au même moment où la nuit tombe sur Le Vieux-Port.
Nous resterons là, toutes et tous, ensemble, pendant un moment.
Nous serons là,  toutes et tous, ensemble,le temps qu’il faudra, autant qu’il le faudra.
N’oublions pas que pendant ce temps-là, de sales individus étaient en train de fêter les un an de l’ouverture de leur local fasciste nationaliste ! Avec la complicité du préfet qui a choisi d’interdire les manifestations tout autour de leur local, de la mairie qui les a laissé s’installer, et de la police qui les protégeait avec un quadrillage de la zone avec effectifs en armes et véhicules.