Marseille a vendu son âme au diable

 

Marseille fait aujourd’hui la une des médias. Mais la mairie de la plus vieille ville de France ne cesse pas d’agoniser à l’abri des regards depuis plus de 100 ans, depuis que sa gestion dépend entièrement de cette bourgeoisie d’affaires spéculant sur l’immobilier, avec pour complices, sa kyrielle se sociétés spécialisées dans le BTP, qui n’hésitent pas à brader le passé à leurs seuls profits.

En 30 ans, un grand nombre de ses enfants l’ont quittée et elle a perdu toutes ses industries, ses traditionnelles, comme ses industries de pointe. Elle ne produit plus rien… si ce n’est du vide qu’elle s’évertue à remplir de fausses promesses de prospérité, de projets de grandeur inutiles, coûteux pour le contribuable et désastreux pour ses derniers habitants. Les exemples emblématiques en sont si nombreux qu’un simple comptable ne pourrait en dresser la liste. La rénovation du Vieux-Port, le nouvel Hôtel de Ville, le quartier d’affaires de la Joliette, la ligne de tramway de la rue de Rome et bien entendu, le dernier chantier, le réaménagement de La Plaine.

Pour se livrer à cette débauche vaine de magnificence, elle se vend sans vergogne aux puissances d’argent, à Bouygues, à Vinci, à Constructa, n’hésitant pas à laisser déloger des populations ou des bureaux (déplacer la mairie du 1-7 au profit de Artplexe, pour y faire un complexe cinéma-restaurant, faut le faire) à expulser les plus pauvres et les plus fragiles, à saccager l’unité architecturale pour dénaturer une ville portuaire et historique. Elle n’a jamais tenté de sauver les rares vestiges d’un parc immobilier porteur pourtant d’une richesse mémorielle.

Les derniers bâtiments du centre-ville écroulés, il ne restera plus rien de ce que fut la vieille dame. Bientôt Smartseille sera ville nouvelle sans âme et l’antique cité phocéenne aura perdu la sienne. Pour quelques filous de plus !

Jean-Pierre Bertalmio
Novembre 2018

Photos : X D R