Dans Méditerranée, il y a terre, dans Méditerranée, il y a mer, dans Méditerranée, il y a idée, mais dans Méditerranée, il n’y a pas identitaire, il n’y a pas non plus frontière, ni cimetière.
Dans Méditerranée, il y a un bateau verseau, que des brutes veulent paralyser. Les brutes ont arraché le drapeau du bateau verseau, ils l’ont bloqué à quai. Le bateau verseau est un bateau sauveteur. C’est ce que n’aiment pas les brutes, qui prétendent que des gens se jettent à l’eau car ils savent que le bateau verseau les sauvera.
Bien sûr, ce n’est pas ça. Bateau sauveteur ou pas, des gens, là-bas, sur l’autre rive, continuent à se jeter à l’eau. Et ils se noient. Quand le bateau verseau, Aquarius, navigue là-bas, il en repêche quelques-uns. Il sauve des vies, 30 000 en deux ans, ramenées à la surface, sorties des eaux, sorties d’une nuit interminable sur un désert liquide.
Les brutes veulent que ça cesse. Que la nuit reste nuit, le désert désert et la mer mort. Les brutes ont ce pouvoir, d’arracher un drapeau et d’empêcher le bateau verseau de repartir là-bas, guetter les vivants à fleur de l’eau avant qu’ils meurent. L’Aquarius attend à quai, qu’un drapeau brave les brutes et dise « vas-y, va sauver des vies, et un peu, s’il est encore temps, l’honneur des Européens. »
SOS Méditerranée, SOS, sauvez nos âmes. L’Aquarius attend à quai, à Marseille, où, le 6 octobre, 30 000 personnes se sont rassemblées pour afficher leur soutien au bateau verseau et à ses missions. Marseille, dos à la France, face à la mer, Marseille, toujours tournée vers le large, Marseille est une boussole, la porte de l’orientation, elle a montré le cap. Dans Marseille, il y a l‘asile mer.
Che il Mediterraneo sia. Que la Méditerranée soit.
Jan-Cyril Salemi
Octobre 2018
Photo : © J.C.S.