Marseille est réputée pour être corrompue, car le passé parle ; mais, en théorie, tout cela est fini, et, tant que l’on n’est pas confronté au problème, cela reste une vague rumeur, un discret fantôme que la plupart des Français ont relégué au fin fond de leur inconscient, pour peu que l’on soit intéressé par la chose publique, cette fameuse res publica…
Mais, cela ne vaut pas, évidemment, pour nos dirigeants nationaux, qui, eux, doivent être parfaitement conscients du problème à la source de tous les maux de la “Cité Phocéenne” : il est facile de deviner qu’ils savent très bien que Marseille est à la corruption ce que Monaco est à l’évasion fiscale… c’est-à-dire un paradis, ou plutôt, un “trou noir”…
C’est peut-être sur ce point que la manoeuvre étatique rencontre l’action de notre association : en fait, il faut savoir que la Métropole Aix-Marseille, qui existe depuis peu, est un projet démentiel, destiné, selon moi, à dissoudre ce “noeud” de corruption qu’est Marseille. Et il se pourrait bien que cela fonctionne : preuve en est ce qui se passe pour les transports urbains de la ville en question.
C’est là le coeur de notre problème : nous voulons obliger la RTM à baisser les rampes d’accès dans les bus. Mais, dans la mesure où la Régie des Transports Marseillais est devenue, il y a quelques semaines, la Régie des Transports Métropolitains, il se pourrait bien que notre action ait été, jusque là, inopérante.
En effet, si, le 14 décembre 2016, la RTM nous a répondu, dans un courrier officiel, qu’elle allait travailler à “rendre visible” le caractère accessible de 600 arrêts, c’est – sans doute – pour fêter son changement de dénomination… Et, pour bien faire, il ne reste plus qu’à forcer l’entreprise (si cela se peut) à donner l’ordre à ses agents conducteurs ; l’ordre et les moyens, faut-il préciser…
Et, rien que cette expression – “rendre visible” – est scandaleuse. Car, cela veut dire que, avant, l’accessibilité des arrêts était invisible, et la Régie ne s’en souciait pas, alors qu’elle aurait dû. Voilà une preuve qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ! On peut même dire que l’on se moque du monde !
En ce qui concerne notre association, qui s’appelle “Harcelons-les !”, nous le savions déjà : en juillet 2015, alors que notre structure n’existait que depuis quelques mois, nous avons reçu un document qui ne devait pas nous être adressé. Celui-ci nous a appris une chose, entre autres : “les conducteurs ont pour instruction de ne pas baisser les rampes” d’accès, pour que les personnes en fauteuil roulant – entre autres – puissent monter à bord des bus.
Deux ans après, cela n’est peut-être plus vrai… mais le choc provoqué par une telle phrase mérite d’être colporté à l’infini, et ce, pour toujours, tant que l’usage ne sera pas parfait… Car, s’il existe d’autres hypothèses plus séduisantes, il reste toujours possible que l’on nous ait transmis ce que nous n’aurions pas dû savoir parce que l’on pensait que nous ne saurions rien en faire…
Il faut dire que, en fait, la RTM a raison, quelque part : quand on n’est pas sûr que tout fonctionne bien, il est plus prudent d’appliquer le principe de précaution… Ce qui ne va pas, disent-ils, ce sont les trottoirs, et, en cela, ils ont tout à fait raison : il est évident que la totalité des trottoirs marseillais ne peut être aux normes. D’ailleurs, même dans les villes dites accessibles, il y a toujours quelques arrêts non-accessibles ; et il faut souligner que, dans le cas de la Cité Phocéenne, la topologie fait que plusieurs dizaines de points ne peuvent pas être aménagés.
Reste que cela constitue l’argument-massue par lequel la RTM justifie sa négligence, qui consiste à ne pas entretenir les rampes d’accès.
Voilà le noeud du problème : l’entreprise s’évite des frais, qu’elle juge “,inutiles”, en s’abstenant d’assurer cette tache. Et ce n’est – peut-être – que le côté des choses le moins pire…
C’est pourquoi nous proposons de signer la pétition nommée “Chauffeurs de bus malmenés”.
Merci.
Photo : Bus-83-Marseille © Emmanuel-Dautant—Creative-Commons-Wikimedia