Du 3 au 12 décembre 2023 s’est déroulé l’un des évènements les plus médiatisés de l’année : la COP 28. Retour sur la genèse de cette conférence, les principales décisions prises et leurs éventuelles conséquences sur les années qui viennent…
COP, KESAKO ?
La COP 28, également connue sous le nom de Conférence des Parties (Conference of the Parties), est une rencontre internationale annuelle où les pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent pour discuter et prendre des mesures afin de lutter contre le changement climatique. Cette réunion est considérée comme l’une des plus importantes pour déterminer les politiques et les actions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), à échelle mondiale. Les origines de la COP remontent à la signature de la CCNUCC lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992. Cette convention visait à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute ingérence humaine dangereuse dans le système climatique. Depuis lors, les COP se déroulent chaque année dans différents pays du monde. Cette année, c’est au total 198 pays et 100 000 participants qui se sont donné rendez-vous à Dubaï (Emirats-arabe unis) du 3 au 12 décembre 2023. Qui Vive n’était pas sur place, mais voici un retour des événements marquants de cette COP.
DES DÉBATS ANIMÉS
Les discussions lors de la COP 28 ont été intenses, avec une multitude d’intérêts débattus. D’un côté, il y avait les pays développés qui cherchaient à promouvoir des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en demandant aux pays en développement de faire leur part. De l’autre côté, ces derniers insistaient sur le fait que les pays industrialisés devraient prendre la responsabilité de leurs actions passées et fournir un soutien financier pour les aider à s’adapter aux conséquences du changement climatique. Au milieu de toutes ces discussions passionnées, les décisions prises lors de la COP 28 étaient aussi captivantes que déroutantes. Pour commencer, il y a eu un accord sur des objectifs de réduction des émissions d’une ampleur sans précédent. Plus de 90 pays, dont 19 membres du G20, se sont engagés à réduire les émissions de manière significative, avec l’objectif ultime d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, il est révélateur de souligner que ces engagements ne sont pas juridiquement contraignants, ce qui signifie qu’il est essentiellement facultatif de les respecter.
CONSÉQUENCES ?
En ce qui concerne les conséquences de ces décisions, il est difficile d’en mesurer l’impact réel. Après tout, il s’agit de la 28e conférence de ce genre, nous n’avons pas encore vu de progrès significatifs dans la lutte contre le changement climatique. Les accords de Paris par exemple, signés en 2015 par plus de 190 pays, ne sont pas respectés. Cela en dit beaucoup sur l’efficacité réelle des COP. De plus, il y a un sentiment général de découragement chez les activistes qui espéraient que la COP 28 marquerait un tournant majeur dans cette lutte mondiale. Bien sûr, ce découragement n’empêche pas les participants de se féliciter mutuellement d’avoir réussi à tenir une conférence aussi massive et coûteuse, tout en saluant leur “propre engagement” envers la cause environnementale.
UNE IRONIE SUR TOUS LES PLANS
L’ironie est saisissante lors de ces conférences, où les pays se rassemblent pour discuter des conséquences du changement climatique tout en émettant des quantités massives de gaz à effet de serre en voyageant vers ces sommets. La réalité est que la COP 28, comme les précédentes, est en grande partie un exercice de relations publiques où les dirigeants du monde entier montrent leur engagement envers l’environnement sans prendre de mesures réelles et concrètes pour résoudre le problème. Cette année, elle s’est déroulée à Dubaï, métropole issue d’un des plus importants exportateurs de pétrole mondial, une ressource fossile. L’année prochaine, la COP 29 se déroulera en Azerbaïdjan, sous la présidence de Mukhtar Babayev, qui, avant d’être ministre de l’Ecologie et des Ressources naturelles, a travaillé 20 ans pour la compagnie pétrolière State Oil Company of Azerbaïdjan. Une fois de plus, nous pourrions nous interroger sur le soi-disant “bon vouloir” des politiques à vraiment changer de mode de vie.
Alors que la COP 28 se termine, le sort du monde repose toujours sur les épaules de ces décideurs internationaux. Une question persiste alors : comment peut-on encore accepter de mettre des milliers de vies humaines dans la même balance que les intérêts économiques si chers aux 2 500 lobbyistes des énergies fossiles présents à Dubaï ? Rappelons que les pays les plus touchés (Porto Rico, Haïti, Myanmar selon l’ONG GermanWatch en 2021) par les catastrophes naturelles engendrées par les activités anthropiques sont souvent ceux qui sont le moins responsables de l’émission de GES. Double peine puisque ces derniers, par manque de moyens financiers et d’infrastructures adaptées, sont en moindre capacité de surmonter ces difficultés. Bien que les pays en cours de développement soient les plus vulnérables, aucun pays, quel que soit son statut, n’est épargné par cette crise sans précédent.
Il est donc peut-être temps de se demander si ces conférences annuelles sont réellement efficaces… Car tant que nous ne passerons pas des promesses à l’action, le changement climatique continuera d’avancer, ignorant les applaudissements tapageurs et les poignées de main chaleureuses des participants à la COP 28…
Sidonie Saive
Janvier 2024
Cet article a été rédigé par une élève du lycée Saint-Charles à Marseille. Il s’inscrit dans le cadre d’un atelier journalisme animé par des membres de l’équipe de Qui Vive (Gaëlle Cloarec et Jan-Cyril Salemi) pendant l’année scolaire 2023-2024.