Ou comment l’inaction climatique est punie
Fin octobre, la catastrophe de Valence, où des pluies diluviennes se sont abattues sur la ville, a causé près de 230 morts et de nombreux blessés et disparus, révélant l’inaction face au dérèglement climatique. Deux semaines plus tard, le mardi 12 novembre, dans Malaga et sa province, l’alerte est donnée, plaçant la région en vigilance rouge pour risque d’inondations. Nous, élèves du lycée Saint-Charles en voyage scolaire en Espagne, étions sur les lieux.
Ce mardi soir, à Malaga, tous les téléphones ont sonné, donnant l’alerte aux citoyens de la région pour les pluies futures. Les classes sont suspendues peu de temps après, tous niveaux compris et chacun a interdiction d’aller travailler le lendemain sauf à distance. Dans la nuit, quelque 3 000 personnes ont été évacuées dans le sud du pays et le mercredi chacun reste chez soi, la pluie tombant très fortement dehors. À l’affût des infos et dans la crainte de voir des proches dans des situations difficiles, les appels fusent de part et d’autre et tous regardent les journaux télévisés pour s’informer sur la situation. Dans la famille où je suis, nous voyons donc des images qui me semblent non pas extraordinaires mais improbables : la Costa Del sol sous la pluie qui ne cesse de tomber, dans les images comme en bas de chez moi. À Malaga, juste à côté de ma ville de résidence, par exemple, les trains cessent de fonctionner parce que la gare est complètement inondée, de même qu’à Almería où le fleuve Guadalhorce a submergé toute la ville. Le lendemain, l’appel à rester chez soi est réitéré pour la journée, malgré le peu de pluie dans certains endroits : en dépit des dégâts, tous se disent « ce n’est pas pire qu’à Valence ». C’est le retour à la normale.
Mais comment ce phénomène, ainsi que celui à Valence, a-t-il pu se produire ?
Ce phénomène s’appelle « la goutte froide » : il survient lorsqu’une poche d’air très froid (en provenance du pôle Nord) s’intercale avec l’air chaud et humide de la Méditerranée. Ce contact, quand aucun vent ne le dissipe, perdure et crée des pluies diluviennes pendant quelques jours. Amplifié par l’augmentation de la température de l’eau de la Méditerranée, ce phénomène naturel a donc connu une ampleur impressionnante à Valence mais aussi à Malaga. Ces catastrophes ont surtout mis en avant le climatosceptisme des responsables politiques : la classification d’alerte rouge de Valence le 29 octobre n’a pas été suffisamment considérée par les autorités locales qui n’ont pas fait passer l’alerte globale. Deux semaines après, à Malaga, l’alerte a bien été donnée, mais les inondations ont montré le problème de la bétonisation et donc de la mauvaise adaptation de certaines infrastructures face aux phénomènes du dérèglement climatique grandissant.
Anna Morel, en reportage à Malaga, le 16 novembre 2024
Image : capture d’écran d’un reportage de TF1 le 13 novembre 2024
Cet article a été conçu par une élève du lycée Saint-Charles à Marseille. Il s’inscrit dans le cadre d’un atelier journalisme animé par des membres de l’équipe de Qui Vive (Gaëlle Cloarec et Jan-Cyril Salemi) pendant l’année scolaire 2024-2025.