Des livres, des plantes, et un grand bol d’air

Mercredi 6 mars, la librairie-jardinerie Les sauvages accueillait Marielle Macé autour de Respire, paru à l’automne dernier. Une première rencontre très réussie.

Marielle Macé le 6 mars 2024 à Marseille © G.C.

Cela fait un peu plus d’un mois que la librairie-jardinerie Les Sauvages a ouvert ses portes à Marseille, non loin du palais Longchamp. Un lieu chaleureux, où on a envie de se poser, où livres et plantes cohabitent harmonieusement sur les étagères. Une librairie indépendante où l’on trouve un fond de littérature générale (il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges), mais dont la coloration reste la nature, la sauvagerie, le vivant. Un endroit dont on peut repartir, comme le souligne le maître des lieux Jean Pichinoty, « avec un peu de verdure sous la main et dans la tête. »

Un mois jour pour jour après son ouverture, la librairie accueillait donc l’essayiste et historienne de la littérature Marielle Macé, venue présenter son dernier ouvrage, Respire. Un petit livre qui en dit long… et qui vient de loin, comme elle l’écrit au tout début : « d’un long passé dans la respiration. […] des paysages intoxiqués de mon enfance, d’une familiarité avec les pathologies qui touchent depuis longtemps certains métiers, certains pays, certaines classes sociales, des étouffements occasionnels d’une enfance convalescente… » . Avoir du mal à respirer, on l’a tous vécu pendant la pandémie. Mais certains subissent cette asphyxie plus que d’autres. Et Marielle Macé garde en tête, comme nous tous, le « I can’t breathe ! » d’un George Floyd à l’agonie. Le droit à respirer n’est donc pas seulement « le droit pour chacun de respirer dans des milieux dépollués », c’est aussi -et peut-être surtout- « le droit à une vie respirable, c’est-à-dire désirable, une vie qui vaut la peine, une vie à laquelle tenir. » On le voit, pour elle, la respiration est un acte de partage, de solidarité. Comme devrait l’être la parole, « une zone à défendre », « un commun dont prendre soin », contre « tous les états pourris de la parole en même temps que du climat ».

Le livre est à l’image de son autrice : modeste, sensible et d’une remarquable érudition. On y croise des poètes, des philosophes, des sociologues, des médecins, des oiseaux, des enfants…. et des paysages. Il peut se savourer à petites goulées, au fil de ses brefs chapitres. On peut aussi l’inspirer d’un trait car, dans un monde devenu irrespirable, loin d’étouffer davantage, il apporte comme un « soulèvement d’air », une bouffée d’espérance et un grand souffle de combativité. Merci, Marielle Macé, pour cette généreuse incitation à une existence plus respirable… parce que plus solidaire.

FRED ROBERT
Mars 2024

Un lieu à découvrir : Les Sauvages, librairie-jardinerie, 27 boulevard Philippon Marseille (4ème)

Un essai à lire : Respire de Marielle Macé (éd. Verdier, 8,50 euros)