Le Parc national des Calanques est connu pour sa beauté naturelle et l’importance environnementale des espèces qui y sont présentes. Sa création en avril 2012 a permis de mieux les préserver. Cette protection a été permise par des mesures restrictives, notamment pour les pêcheurs qui, jusqu’à cette date, étaient libres de pêcher partout. Mais quelle est donc leur opinion sur la création du Parc ? On les a interrogés sur le marché du Vieux-Port.
Depuis quand pêchez-vous ?
Pêcheur anonyme P.1 : Mon père et mon oncle étaient déjà pêcheurs et moi j’ai commencé à pêcher il y a environ quinze ans.
Pêcheuse anonyme P.2 : Personnellement je ne suis pas une pêcheuse, mais je vends seulement les poissons. Au départ c’était mon mari qui pêchait et maintenant c’est les poissons que pêche mon fils que je vends.
Quel type de pêche pratiquez-vous et dans quelles zones ?
P.1 : Je pratique la pêche au filet et la pêche au palangre. Quant à là où je pêche, étant donné que j’ai plusieurs bateaux, je vais de Sausset à Cassis. Évidemment il y a des zones du Parc des Calanques où on a le droit de pêcher, et j’y vais quelquefois, mais seulement dans ces zones autorisées.
P. 2 : Mon fils pêche dans la rade de Marseille, avec des poissons différents à chaque saison, des filets différents pour chaque poisson. Par exemple en ce moment c’est la période de la sole, du turbot, après ça va être la saison des chapons, des pageots, des langoustes. Comme on a seulement un petit bateau, la quantité de poissons que l’on pêche n’est pas énorme : on cherche à privilégier la qualité plutôt que la quantité.
Dans les espèces que vous pêchiez avant et vous pêchez à présent, un changement est-il apparu depuis la création du Parc (apparition ou disparition d’espèces) ?
P.1 : En général, -mais ce n’est pas forcément lié à la création du Parc- il y a moins de merlans. Il y a quelques espèces que l’on voit moins maintenant et d’autres que l’on continue à voir. En ce moment, par exemple, il y a beaucoup de mérous mais pas beaucoup de sardines parce qu’il y a plus de dauphins et de thons (qui sont les principaux prédateurs des sardines), notamment grâce à la réglementation sur la pêche du thon. De toute manière, grâce à la création du Parc avec les zones de non-pêche, les espèces se repeuplent.
P.2 : Entre l’année dernière et cette année on a remarqué que les soles sont moins nombreuses : avant, on en pêchait pas mal et maintenant beaucoup moins, pratiquement pas. Elles se sont déplacées vers les Saintes Maries, mais ici il n’y en a quasiment plus.
Qu’est-ce que les mesures de protection mises en place pour la création du parc ont changé pour vous ?
P.1 : Il y avait des coins où on pêchait mieux que d’autres et qui sont maintenant devenus des réserves donc on ne peut plus y pêcher. Souvent, on pêche moins. Personnellement je trouve que c’est une bonne idée d’avoir créé des zones de non-pêche ; cependant il faudrait les changer tous les trois, quatre ou cinq ans pour permettre de trouver un bon équilibre pour tout le monde.
P.2 : La création du Parc nous a empêchés de travailler là où on travaillait et donc on pêche moins de poissons. La réduction du secteur de pêche a eu beaucoup d’impact sur les pêcheurs.
Propos recueillis par Anna Morel
Mars 2024
Évidemment, après avoir lu ces échanges peut-être que certains se demandent quels ont été les impacts positifs de la création du parc. Il a notamment permis de préserver de nombreuses espèces animales et végétales en créant de nombreuses règles ayant pour but de protéger l’environnement. Mais si l’impact écologique de ce parc est très positif, l’écologie concerne tout le monde, en particulier ceux qui sont sur le terrain, donc ici, les pêcheurs. En effet, ils sont, entre autres, les plus touchés par les restrictions de leur secteur de pêche qui, d’un côté leur font faire face à des contraintes économiques (pêche moins fructueuse, etc), mais qui permettent aussi la multiplication des espèces de poissons menacées ou peu nombreuses et leur meilleure santé.
A.M.
Création de l’article :
Je me suis demandé tout au long de la préparation du journal comment réussir à écrire un article abordant d’un point de vue écologique des questions à l’échelle locale. Quoi de plus local que le Parc national des Calanques ? Une fois mon sujet global trouvé, plusieurs angles me sont venus à l’esprit, et j’ai fini par trouver l’idée d’interroger un centre de plongée et des pêcheurs sur l’impact de sa création sur leurs métiers. Par manque de temps et de possibilités de rendez-vous, j’abandonne l’idée d’interroger le centre de plongée et je me rends au marché du Vieux-Port pour interroger seulement les pêcheurs.
Cet article a été rédigé par une élève du lycée Saint-Charles à Marseille. Il s’inscrit dans le cadre d’un atelier journalisme animé par des membres de l’équipe de Qui Vive (Gaëlle Cloarec et Jan-Cyril Salemi) pendant l’année scolaire 2023-2024.